RALPH NADER, UN CANDIDAT BAILLONE DANS UNE ELECTION SANS ENJEUX

by JOELLE PENOCHET Saturday, Dec. 04, 2004 at 3:27 AM
joellehpenochet@voila.fr

En combattant la candidature de Ralph Nader, qui porte les idées progressistes depuis plusieurs décennies, pour donner un blanc-seing au clone démocrate de G.W. Bush, les notables du mouvement « N’importe Qui Sauf Bush » ont ruiné cinq années de mobilisation croissante depuis la naissance du mouvement alter-mondialiste en 1999 à Seattle, jusqu’au mouvement anti-guerre qui a rassemblé des millions de personnes dans le monde en 2003, et qui exige aujourd’hui la fin de l’occupation étrangère en Irak et en Palestine. Au moment où la prétendue "guerre contre le terrorisme" s'intensifie, le mouvement pacifiste reste à reconstruire.

RALPH NADER, UN CAND...
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Mise à jour du 30 novembre 2004 - Update


ÉLECTIONS PRESIDENTIELLES AMERICAINES :

RALPH NADER, LE CANDIDAT BAILLONE DANS UNE ELECTION SANS ENJEUX


Par Joëlle PENOCHET

« There is no democracy without daily citizenship »
Ralph Nader

G.W. Bush a été reconduit dans ses fonctions et, cette fois, pour expliquer les raisons de leur fiasco, les partisans de son rival « Démocrate » n’ont pas trouvé de bouc émissaire leur permettant de faire une nouvelle fois l’économie d’une analyse politique. Tout au long de la campagne, les médias « incorporés » occidentaux n’ont cessé d’abuser leur audience en leur décrivant laborieusement deux candidats censés représenter des Amériques diamétralement opposées, à tel point qu’en octobre les sondages indiquaient que 85% des Français auraient voté pour Kerry ! Pourtant, les deux « grands » partis, qui représentent les mêmes intérêts, ceux des grosses multinationales américaines, mènent traditionnellement des politiques similaires. John Kerry allait jusqu’à critiquer G.W. Bush sur sa droite en l’accusant de n’avoir pas été assez efficace dans la « guerre contre le terrorisme » ; il préconisait d’envoyer plus de troupes en Irak, d’attaquer sans délais les autres pays sur la liste des « Etats-voyous » (Iran, Syrie, Corée du Nord…), et de se débarrasser au plus vite des présidents Yasser Arafat, Hugo Chavez et Fidel Castro. Il avait voté pour l’invasion du Panama, la guerre contre l’Afghanistan, l’invasion de l’Irak, le Patriot Act, et soutient la politique criminelle de Sharon contre le peuple palestinien. Le slogan de sa campagne présidentielle était : « Pour une Amérique plus forte », et il proclamait dans tous ses discours que « l’Amérique doit gouverner le monde. » En résumé, les deux chevaux concurrents appartenaient à la même écurie.

En combattant la candidature de Ralph Nader, qui porte les idées progressistes depuis plusieurs décennies, pour donner un blanc-seing au clone démocrate de G.W. Bush, les notables du mouvement « N’importe Qui Sauf Bush » ont ruiné cinq années de mobilisation croissante depuis la naissance du mouvement alter-mondialiste en 1999 à Seattle, jusqu’au mouvement anti-guerre qui a rassemblé des millions de personnes dans le monde en 2003, et qui exige aujourd’hui la fin de l’occupation étrangère en Irak et en Palestine.

Le programme de Ralph Nader était radicalement différent de ses concurrents dans tous les domaines : révocation du Patriot Act, instauration d’une couverture médicale universelle, augmentation du salaire minium à 10$, promulgation de lois en vue de l’amélioration des droits de toutes les minorités, de l’éducation pour tous, mise en place une autre politique énergétique, protection de l’environnement… La mise en oeuvre de cette politique alternative était possible en arrêtant de financer la prétendue « guerre contre le terrorisme » à coup de centaines de milliards de dollars, et en cessant de faire des cadeaux aux multinationales et aux couches sociales les plus riches. Rare homme politique à s’être prononcé contre l’agression militaire en l’Irak, Ralph Nader demande le retrait rapide des troupes d’occupation et le retour à la souveraineté du pays.

RALPH NADER, L’ETERNEL PIONNIER

« Never doubt that a small group of toughtful, commited citizens can change the world ; indeed, it’s the only thing that ever has. »

Margaret Mead (citée par votenader.org)

Né dans le Connecticut dans une famille d’émigrés libanais, brillant avocat diplômé d’Harvard et de Princeton, Ralph Nader a hérité sa vocation de son père, ardent militant syndicaliste qui lui donna très tôt le goût des luttes pour la Justice sociale. Réputé pour son intégrité, son immense capacité de travail, sa culture, son talent d’orateur, son humour décapant et sa modestie, Ralph Nader décida en 1963 de dédier sa vie à la défense des citoyens contre la toute-puissance des multinationales qui dirigent le monde. Après voir gagné un procès retentissant contre General Motors, il créa en 1971 Public Citizen, et une centaine d’autres associations couvrant tous les domaines (santé, environnement, énergie, alimentation, sécurité routière…). Ces associations puissantes continuent aujourd’hui de gagner de nouvelles batailles, notamment contre les multinationales pharmaceutiques, agroalimentaires et l’industrie du tabac..

DU CONSUMERISME A L’ECOLOGIE POLITIQUE ET AU « TROISIEME PARTI » : UNE VIE VOUEE DEPUIS QUARANTE ANS AUX LUTTES POUR LA JUSTICE

Ralph Nader est à l’origine de la création de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA, 1970), des lois sur l’Air, sur l’Eau et sur la Liberté de l’Information de 1974. Depuis lors, le simple citoyen et les associations peuvent poursuivre en justice le gouvernement comme les grandes entreprises. Toutes les lois votées dans le monde dans ces différents domaines l’ont été grâce à l’action de Ralph Nader. En 1974, il était classé quatrième parmi les personnes les plus influentes des Etats-Unis, après Richard Nixon et Henri Kissinger. Aujourd’hui encore, il figure dans les trente premières.

Ralph Nader a toujours persévéré dans la défense des même causes, en élargissant toujours davantage le champ de ses luttes et en se radicalisant. Le sénateur démocrate de gauche Dennis Kucinich a dit de lui (non sans arrière-pensée) qu’il « a démontré que chaque citoyen pouvait influencer le gouvernement » et qu’il a « plus d’impact sur les institutions gouvernementales et la vie des multinationales que les personnes en charge du pouvoir ».

Ralph Nader est entré en politique en 1972 en tant que candidat démocrate opposé à la guerre du VietNam. En 1992 il fut candidat à l’investiture démocrate ; puis il a représenté les Verts à la présidentielle en 1996 et en 2000. En 1996, avec un budget limité à cinq mille dollars (l’équivalent de dix secondes de publicité télévisée), il avait recueilli moins de 1% des voix (jusqu’à 20% sur certains campus universitaires), mais il avait permis de lancer un mouvement de renouveau politique. Le président Clinton s’était déjà déclaré « très préoccupé » par sa candidature. Quatre ans plus tard, Ralph Nader quadruplait le nombre de ses voix (recueillant près de 2,7 millions de suffrages, le meilleur score pour un candidat progressiste depuis un demi-siècle). Dès le mois de février, afin d’avoir le temps de recueillir les moyens nécessaires à sa campagne, il annonça sa candidature à la présidentielle de novembre 2004. Premier candidat d’origine arabe à la présidentielle, il choisit comme colistier Peter Camejo, un activiste d’origine vénézuélienne, vétéran des luttes pour les Droits civiques (il a marché aux côtés de Martin Luther King en Alabama) et du mouvement contre la guerre du VietNam. En outre, Peter Camejo, qui dirige la banque d’investissement éthique qu’il a fondée, est toujours une grande figure des Verts américains dont il est l’un des fondateurs. Il a obtenu 5,3% des voix lors de l’élection du gouverneur de Californie en 2002. Contrairement aux candidats des deux grands partis, tous deux fils de famille multimilliardaires, Ralph Nader et Peter Camejo sont issus de milieu populaire. Sa colistière de 2000 était une dirigeante d’une importante association amérindienne.

LE HARI-KIRI DES VERTS AMERICAINS

En juin 2004, contrairement à la volonté de la quasi-totalité de la base écologiste, et à la suite de tripatouillages sordides, les Verts américains ont refusé d’investir Ralph Nader lors de leur Convention, au profit d’un candidat terne et jusqu’alors inconnu, au motif qu’il ne présenterait des candidats que dans les Etats où la victoire du Démocrate était assurée (« safe states »). Par ce choix, les Verts américains ont anéanti le travail effectué patiemment depuis huit ans par Ralph Nader, qui avait promu et renforcé le parti en se présentant en leur nom et en menant des tournées à travers tout le pays, pendant et après la campagne. Et le labeur de dizaines de milliers de militants sur le terrain.

Cependant, une grande partie des Verts américains est restée fidèle à Ralph Nader (« Greens for Nader ») et, pendant que le candidat officiel réunissait péniblement trente personnes lors de ses rares meetings, Ralph Nader remplissait des salles de mille personnes à travers les Etats-Unis (il fut le seul candidat à visiter tous les Etats, au rythme de deux ou trois meetings par jour).

En 2000, Ralph Nader avait été soutenu par de nombreuses personnalités, universitaires, journalistes et artistes, dont Michael Moore et Patti Smith, qui assuraient la première partie de ses grands meetings. Il avait rassemblé chaque soir de 10.000 à 15.000 personnes dans les plus grandes villes des Etats-Unis, un phénomène jamais observé depuis les années soixante-dix. Il mobilisait des foules de jeunes – peu habitués à entendre des politiciens sincères, défendant un programme ambitieux mais réaliste. Il leur disait qu’ils étaient en train de vivre les prémices d’un mouvement historique, aussi important que les mouvements pour l’abolition de l’esclavage ou l’obtention des droits civiques pour les Africains américains. Il annonçait : « Le génie de la contestation qui est sorti de la bouteille à Seattle n’est pas près d’y rentrer ». Depuis les élections de 2000, Ralph Nader n’a jamais cessé de sillonner les Etats-Unis pour défendre les idées du 3e parti ; il a représenté les Verts américains dans les réunions internationales.

UN SYSTEME ELECTORAL AMERICAIN : UNE DEMOCRATIE EN TROMPE-L’ŒIL

« Nous accueillerons chaleureusement la victoire de l’une ou l’autre part. »
J. Browne, Président de l’Amocco, pendant la campagne présidentielle de 2000

Le Président américain est élu au suffrage indirect par des grands électeurs issus des différents Etats, mais présélectionnés par l’argent. C’est ainsi que la réussite sociale suscite souvent des vocations politiques (comme celle du milliardaire Ross Perrot). Le système à un seul tour pénalise les petits partis, en incitant les électeurs à voter « utile ».

Le suffrage indirect avait été instauré à l’origine pour favoriser les Etats esclavagistes du Sud. «Inventé pour permettre aux hommes blancs de verrouiller le système politique à leur profit, ce dispositif produit le même résultat deux siècles plus tard, en accordant un poids disproportionné aux choix des habitants des petits Etats ruraux à prédominance blanche et conservatrice» (Halimi et Wacquant). Ainsi « il faut 3,44 Californiens pour peser autant qu’un habitant du Wyoming ». Par ailleurs, quatre millions d’Américains sont privés du droit de vote, parmi lesquels des milliers d’Afro-américains emprisonnés à cause de la « guerre contre la drogue ».

DES CANDIDATS SELECTIONNES PAR L’ARGENT

Les deux « grands » partis sont liés aux mêmes multinationales (notamment dans les secteurs pétrolier, automobile, agroalimentaire, pharmaceutique, et l’industrie du tabac) qui investissent des sommes colossales à parts quasi-égales sur les candidats des deux camps pour être certains de récupérer leurs mises après les élections, l’argent investi étant restitué aux généreux donateurs sous forme de subventions. En 2000, plus de trois milliards de dollars ont été dépensés dans les campagnes (présidentielle, sénatoriale et du Congrès), sans compter les frais d’avocats dans la bataille post-électorale. En 2004, les dépenses auraient atteint près de 4 milliards de dollars, un record historique. Ralph Nader décrit le système politique américain comme « deux partis qui se combattent férocement pour voir qui ira à la Maison Blanche prendre les ordres de ses donateurs. »

De nouvelles lois sont élaborées par les deux partis hégémoniques pour empêcher l’émergence d’autres forces politiques : « Ils n’aiment pas la compétition. Aussi, essayer d’entrer dans la course ressemble à l’escalade d’une falaise à l’aide d’une corde glissante», explique Ralph Nader. Obtenir le nombre de signatures nécessaires pour se présenter dans chaque Etat représente un véritable parcours du combattant. Cette année, la candidature Nader-Camejo n’a pu être présente que dans trente-cinq Etats (contre quarante-quatre en 2000), ce qui a diminué sensiblement leur pourcentage de voix au niveau national.

Malgré l’iniquité du système qui les favorise outrageusement, les grands partis ont crû nécessaire d’instaurer une loi destinée à éliminer définitivement la concurrence : peu avant le premier grand débat télévisé de 2000 (parrainé par Philip Morris), la Commission sur les débats électoraux, organisme bipartite contrôlé par les deux grands partis, inventa une nouvelle règle qui réservait son accès aux seuls candidats obtenant au moins 15% des voix dans les sondages. En 1992, le 3e candidat, le milliardaire Ross Perrot, crédité des même intentions de vote que Ralph Nader en 2000, avait pu y prendre part. Or, ces débats sont le lieu le plus médiatisé de la campagne, le facteur déterminant pour l’issue du scrutin.

Parmi les autres « dommages collatéraux » de ce système électoral perverti, une « publicité politique abrutissante et vide de contenu ; des mendias rendus fous par l’obsession de la concurrence ; un sénateur élu vingt-deux jours après son décès et remplacé par sa veuve… » (Halimi et Wacquant).

LA PRESIDENTIELLE DE 2000 : LA BATAILLE FEROCE ENTRE « GUSH » ET « BORE »

Lors de la campagne présidentielle de 2000, Ralph Nader avait déjà combattu les candidats démocrate et républicain en tant «qu’hydre à deux têtes», aux ordres des mêmes multinationales. Il avait proclamé la nécessité de construire un nouveau parti : « Notre candidature remplit un vide politique en offrant au camp progressiste orphelin l’occasion de participer à une stratégie de longue haleine destinée à construire un nouveau canal politique en partant de la base » (Le Monde Interactif, 1er novembre 2000).

Crédité de 7 à 17% des intentions de vote selon les Etats quelques semaines avant l’élection de 2000, malgré l’absence de publicité, un budget très réduit, son bannissement des grands débats télévisés, et le black-out des mendias, Ralph Nader ne put franchir la barre des 5% de voix qui lui aurait permis d’obtenir le précieux financement fédéral (douze millions de dollars) qui l’aurait aidé à construire solidement un 3e parti pour 2004. Que s’était-il passé entre-temps ? Une virulente campagne médiatique menée par les Démocrates et leurs satellites, déjà basée sur le chantage et la peur (« un vote pour Nader = un vote pour Bush »), qui porta ses fruits. Depuis novembre 2000, Ralph Nader n’a jamais cessé de faire l’objet de vifs reproches d’une partie du camp « progressiste » qui, au lieu de s’en prendre aux Républicains qui ont volé l’élection (G.W. Bush est souvent surnommé « le président non-élu », ou « le Voleur en Chef » - « The Thief in Chief »), et à la grande médiocrité de la campagne de leur candidat, lui attribue la responsabilité de la victoire du Républicain.

En outre, toutes les études ont montré que plus des deux tiers des voix recueillies par Ralph Nader ne seraient pas allées à A.Gore : ses voix venaient pour 38% des électeurs démocrates, pour 25% des républicains, et les 37% restant n’auraient voté que pour lui. En outre, Ralph Nader aurait fait voter plus d’un million de nouveaux électeurs, alors que les candidats des grands partis sont incapables d’attirer les non-votants, dont le nombre pourrait atteindre cent millions. En décembre 2000, Albert Gore, qui objectivement avait gagné (à la fois en nombre de grands électeurs et de suffrages – il avait remporté plus d’un demi-million de voix de plus que son adversaire), fût poussé à ne pas faire appel du verdict de la Cour Suprême (contrôlée par les Républicains) qui avait proclamé la victoire de Bush : il ne fallait pas porter atteinte au Système ! Et il fallait que les Etats-Unis cessent d’être la risée du monde entier avec leurs recomptages grotesques des bulletins de vote.

Enfin, ces attaques sont d’autant plus incompréhensibles de la part de « progressistes » que les positions du candidat démocrate, vice-président de William Clinton pendant huit ans, étaient déjà plus à droite celles du candidat Républicain : M. Gore avait voté pour la Guerre du Golfe en préconisant de la poursuivre jusqu’à la chute de Saddam Hussein ; son colistier, Joseph Lieberman, a toujours été un ardent partisan de la politique d’agression et d’occupation israélienne en Palestine. Et A. Gore s’était porté volontaire pour la guerre du Viêt-Nam.

Lorsque les Démocrates ont perdu le Sénat lors des élections de la mi-mandat en 2002, ils n’ont pas trouvé de bouc émissaire pour expliquer leur défaite.

PENDANT SES DEUX MANDATS, LE TANDEM CLINTON-GORE A MENE UNE POLITIQUE BELLICISTE ET ANTISOCIALE

Au cours des mandats Clinton-Gore (1992-2000), l’écart entre les riches et les pauvres a été multiplié par dix ; le nombre de prisonniers fédéraux a presque doublé ; le nombre de personnes sans couverture sociale s’est accru de huit millions ; le système d’aide sociale fédéral a été supprimé (1996) et le nombre de fonctionnaires réduit de façon drastique, tandis que la création en 1993 de la l’Association de Libre Echange de l’Amérique du Nord (l’ALENA, qui inclue le Canada et le Mexique) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a conduit à un appauvrissement accrû des plus démunis, tant à l’intérieur du pays que dans le monde entier. Ralph Nader accuse les démocrates d’avoir « jeté la souveraineté nationale en pâture à l’OMC, à l’ALENA et autre « machins » ensiglés de la mondialisation, taillés sur mesure pour Wall Street » (Le Monde Interactif, 31/10/00). Par ailleurs, de 1989 à 2000, le déficit commercial des Etats-Unis a plus que quadruplé (passant de 100 à 450 milliards de dollars), touchant tous les secteurs du système productif.

CLINTON : DEJA UN PRESIDENT HORS-LA LOI

« Les Etats-Unis, et – nous l’espérons – l’ensemble de leurs alliés, s’autorisent à riposter quand, où et à la manière qu’ils auront décidé. »
William Clinton cité par Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère…, p.63.

Sur le plan international, le président Clinton a accordé à l’industrie de l’armement un budget plus élevé que le budget moyen pendant la guerre froide. Poursuivant la politique de Bush I, qui voulait « ramener l’Irak à l’âge de pierre », il a durci l’embargo décrété par l’ONU en 1990 et multiplié les bombardements ciblés contre les infrastructures vitales des villes irakiennes (centres d’épuration d’eau, centrales électriques et téléphoniques). Le manque d’eau potable, de médicaments et de nourriture consécutif à ces destructions et à l’embargo a provoqué une malnutrition chronique, la multiplication des maladies infectieuses, et des épidémies de choléra. Cette politique a fait plus d’un million de morts, dont 500.000 enfants. « C’était le prix à payer », a répété sans vergogne la secrétaire d’Etat de William Clinton, Madeleine Albright. Les raids étaient quasi-quotidiens dans les « no-fly zones » (environ les deux tiers du pays), ces régions décrétées unilatéralement interdites de survol par l’alliance anglo-américaine (et la France) au prétexte fallacieux de protéger les populations kurdes et chiites. Les bombardements les plus intensifs intervenaient généralement à chaque fois que M.Clinton été convoqué devant les tribunaux pour répondre de ses mensonges à propos de ses frasques sexuelles. Il eut été plus juste d’entreprendre contre lui une procédure d’Impeachment pour crimes de guerre.

En 1998, les sénateurs démocrates ont fait passer la Résolution 71 qui donnait à Clinton le pouvoir « d’entreprendre toutes les actions nécessaires et appropriées pour répondre à la menace posée par le refus de l’Irak d’arrêter son programme de développement d’armes de destruction massive. » Cela permit au président démocrate de mener le 16 décembre 1998, en violation de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, l’opération « Renard du Désert » contre le peuple irakien qui mourait déjà à petit feu depuis huit ans des conséquences de l’embargo. Les forces anglo-américaines lancèrent alors sur l’Irak « un nouvel enfer de feu et de mort » (J-M. Benjamin) : en trois jours, les navires américains et les bombardiers B52 tirèrent plus de quatre cents missiles, soit presque un tiers de plus que pendant toute la guerre du Golfe en 1991 !

Au nom du nouvel « Humanisme militaire », W. Clinton a entraîné ses vassaux européens dans l’agression contre la Yougoslavie, en prenant prétexte de « l’échec » des accords de Rambouillet, dont les termes étaient volontairement inacceptables (ils auraient permis à l’OTAN d’occuper l’ensemble du territoire yougoslave). En Bosnie, en Serbie et au Kosovo, Clinton n’a pas hésité à tester des armes illégales de plus en plus puissantes (comme de nouvelles bombes à fragmentation et à l’uranium appauvri, et des dispositifs de guerre climatique) à bombarder des usines chimiques et un réacteur nucléaire expérimental en fonctionnement, créant des pollutions qui ont touché les pays voisins (la Grèce, la Macédoine, l’Albanie…) et vont continuer de faire des dégâts pendant des milliers d’années.

Dès 1993, William Clinton, qui avait placé des lobbyistes sionistes aux commandes de la politique au Moyen-Orient, a constamment soutenu Israël et s’est joué des Palestiniens avec les accords d’Oslo et autres Camp David. « Dès le début, le processus Madrid-Oslo fut élaboré et mis en œuvre pour imposer un accord de type Bantoustan. » (Chomsky, La loi du plus fort, p. 63). La violation permanente de ces accords s’est faite avec l’accord des Etats-Unis (et la complicité des autres pays occidentaux, des pays arabes et des Nations Unies). Clinton la plus grosse usine pharmaceutique du Soudan en 1998, et a intensifié la prétendue « guerre contre la drogue » en Colombie, qui permet à l’armée américaine d’occuper une partie du pays.

En résumé, en érigeant la guerre d’agression en guise de politique étrangère, Clinton et Gore ont fait le lit des faucons actuellement au pouvoir à Washington. Le tout sans réactions de la gauche qui l’avait porté au pouvoir.

UN « MILITARISTE MESSIANIQUE » A LA MAISON BLANCHE

« La vérité, c'est que ce serait beaucoup plus clair si nous étions une dictature. Et si j’étais le dictateur ! »
G.W. Bush (2004)

« Certains vous appellent « l’élite », je vous appelle ma base »
G.W. Bush à un parterre d’hommes d’affaire milliardaires (2004)

Les guerres entreprises depuis 1990 sont illégitimes et donc, en principe, ceux qui en ont pris la responsabilité devraient être jugés comme des criminels de guerre. G.W. Bush est allé encore plus loin que ses prédécesseurs démocrates dans la violation des lois internationales. L’ONU est traitée par les Etats-Unis - avec la complicité des autres nations – « comme le fut naguère la SDN par les Etats fascistes » (Samir Amin). Nader et Camejo ont demandé au Congrès de mener une enquête en vue d’une procédure d’Impeachment de G.W. Bush, en raison de l’illégalité et de l’inconstitutionnalité de la guerre contre l’Irak, particulièrement à partir des cinq plus gros mensonges (parmi lesquels les armes de destruction massive et la liaison Saddam Hussein-Al Quaïda) qui ont permis à l’administration Bush de « vendre » cette guerre au peuple américain. Le lavage de cerveau opéré principalement par les agences de marketing et la chaîne de Ruppert Murdoch « Fox News » a été si efficace que, malgré les démentis, une majorité d’Américains continue de croire à ces mensonges … Par ailleurs, la collusion entre les faucons de Washington, fondamentalistes chrétiens, et les juifs ultra-sionistes (minoritaires), dénoncée par Ralph Nader, a permis à G.W. Bush de récupérer une partie d’un électorat traditionnellement acquis aux démocrates.

Ralph Nader et Peter Camejo ont dressé le bilan du « conservateur compassionné » (« compassionate conservative », ainsi que Bush se définit) sur le plan de la politique intérieure. En trois ans, le nombre de pauvres a augmenté au rythme de plus d’un million par an, atteignant aujourd’hui le chiffre de 36 millions, soit 12,5% de la population ; 17,6% des enfants vivent au-dessous du seuil de pauvreté, surtout dans les familles d’Afro-américains. La politique du « No children left behind » (« Pas d’enfants laissés de côté »), votée également par Kerry, a conduit à la fermeture de nombreuses écoles dans les quartiers pauvres.

Les Etats-Unis sont classés par l’UNICEF au 34e rang sur 172 pour la mortalité infantile. Selon The Children's Defense Fund, un enfant américain sur cinq naît dans la pauvreté. Bush a refusé d’augmenter le salaire minimum, qui est actuellement de $5.15. Un travailleur à plein temps sur quatre gagne moins de $8.75 de l’heure. Près de la moitié de la baisse d’impôts votée en 2001 par le Congrès, qui a creusé le déficit et n’a bénéficié qu’au 1% des Américains les plus riches. Depuis 2002, les profits ont progressé de 50%, et les salaires de 0,8%.

« N’IMPORTE QUI SAUF BUSH » : LE HOLD-UP DES DEMOCRATES SUR LE MOUVEMENT PACIFISTE

Soudain pris de panique à l’idée que G.W. Bush pourrait être réélu, une partie des militants antiguerre, des écologistes et des altermondialistes ont abandonné celui qui porte leurs idées depuis des décennies, pour soutenir Kerry. (Cette révulsion anti-Bush fut partagée par une partie des électeurs républicains, les « Républicains pour Kerry », qui ont voté Démocrate pour la 1e fois).
Des personnalités de gauche et des associations jusque là très actives dans le mouvement pacifiste se sont rassemblées autour d’un slogan dangereux, « Anybody But Bush » (ABB), ce qui signifiait qu’ils voteraient pour n’importe quel candidat se présentant contre le président sortant, fût-il plus dangereux. Cette attitude irrationnelle et égoïste fut catastrophique pour le mouvement qui s’était développé depuis Seattle en 1999.

En effet, au lieu de s’appuyer sur la dynamique qui n’avait cessé de s’amplifier depuis cinq ans pour construire une réelle alternative autour de Ralph Nader, le candidat de la gauche alternative qui porte leurs idées depuis plusieurs décennies, ils ont préféré accorder aveuglément un blanc-seing à John Kerry, lui permettant ainsi de surenchérir avec G.W. Bush en matière de « guerre contre le terrorisme » et de politique antisociale.

Mais les anciens pacifistes devenus « ABéBistes » étaient guidés par des dirigeants de la classe moyenne supérieure depuis longtemps absents des luttes de terrain. L’organisation « Moveon.org », financée par le milliardaire démocrate Georges Soros, a joué un rôle déterminant dans la manipulation de l’électorat progressiste. Ces leaders d’opinion se sont permis de donner des leçons aux électeurs pacifistes, décidant de qui devait ou non se présenter à la présidentielle. Mais ils oublièrent que l’original est toujours préféré à sa copie : pour gagner, il eut fallu que leur candidat se démarquât nettement de son rival, en suivant l’opinion publique, majoritairement contre la guerre en Irak et très préoccupée par l’avenir des systèmes de protection sociale et le chômage croissant. Nous ajouterons que, l’eût-il fait, il n’aurait pu tenir ses engagements.

UNE CAMPAGNE DE CALOMNIES ET D’INTIMIDATION SANS PRECEDENT DE LA PART DES « DEMOCRATES » POUR VOLER LES VOIX DU 3E PARTI DE RALPH NADER

« Déclarez votre indépendance : votez selon vos convictions, pas sous l’emprise de la peur. »
Ralph Nader

Articles, lettres ouvertes et pétitions demandant, sur la base d’arguments fallacieux, le retrait de la candidature Nader-Camejo (parfois seulement dans les « swing states », les Etats indécis) se multiplièrent, tant dans la presse officielle (New York Times, Washington Post, Wall Street Journal) que dans celle de la vieille gauche progressiste embourgeoisée (The Nation, Mother Jones…) ; de nouveaux sites Internet furent créés spécialement pour inciter les électeurs potentiels de Nader à « voter utile ». La campagne avait commencé dès 2003 sur le thème : « Ce n’est pas l’année ». Des équipes de « Démocrates » spécialement entraînées furent envoyées systématiquement aux plus importantes réunions électorales des candidats Nader et Camejo pour perturber leurs débats. D’autres bandes musclées furent chargées d’intimider, voire de menacer les citoyens ayant signé en leur faveur pour qu’ils retirent leur signature dans les « Etats indécis ».

Pis, les « Démocrates » engagèrent des batailles juridiques dans plus de vingt états en vue de disqualifier un maximum de signatures pour interdire l’accès au scrutin des candidats, et ruiner leur budget de campagne, déjà extrêmement réduit (le financement est assuré par les sympathisants, les dons n’étant pas déductibles des impôts). Le budget du 3e parti était cent fois moins élevé que celui des Démocrates. Les sommes faramineuses investies par les Démocrates dans ces procédures (au total vingt millions de dollars) auraient été plus intelligemment utilisées pour mobiliser les non-votants. Mais c’est le principe même d’un 3e parti puissant sur sa gauche qui leur fait peur.

LA PEUR QUI A DOMINE LA PRESIDENTIELLE A CONDUIT A LA NEUTRALISATION DE LA GAUCHE AMERICAINE

Les Républicains ont joué sur la peur du terrorisme et les Démocrates, qui avaient peur de Nader, ont joué sur la peur de Bush pour capter les voix progressistes. La campagne de Ralph Nader voulait libérer les électeurs de cette peur, afin qu’ils puissent voter selon leurs convictions, leurs intérêts et leurs aspirations.

Même Noam Chomsky et Howard Zinn, l’auteur du best-seller « Une Histoire populaire des Etats-Unis», qui eux-mêmes ont voté pour Ralph Nader, ont appelé à voter Kerry dans les « Swing States » (les Etats indécis). Zinn affirmait avec une naïveté déconcertante : « Je ne crois pas que Kerry puisse changer, mais avec lui il y a la possibilité qu’un puissant mouvement social puisse le changer, alors qu’avec Bush, il n’y a aucune chance. » Pourtant, ni la politique anti-sociale de William Clinton, ni sa politique d’agression à l’extérieur n’ont jamais fait sortir des foules de manifestants dans les rues. Et la fausseté de ce type d’analyse n’a cessé de se vérifier à travers le monde, à commencer en France.

De nombreux artistes, comme le cinéaste Michael Moore, qui a soutenu le général belliciste Wesley Clark (auteur de crimes de guerre en Yougoslavie) lors des primaires démocrates, firent la même démarche. M. Moore, dont « Fahrenheit 911» est bien loin d’être le meilleur des nombreux documentaires réalisés sur le sujet, aurait du avoir la décence de ne pas officiellement prendre parti - d’autant que, contrairement à ses espérances, son soutien a été jugé très encombrant par les Démocrates.

À l’opposé des personnalités qui cèdent à cet odieux chantage, qui fit perdre de six à sept points à Ralph Nader dans les sondages de mars à novembre, les « Verts pour Nader » et les « Démocrates pour Nader », l’extrême-gauche et une grande partie des pacifistes, pointèrent l’absence de différences entre les deux principaux candidats, estimant, à l’instar de l’intellectuel Alexander Cockburn, que « Nader a accompli son devoir ». En effet, « si les progressistes continuent de s’aligner sur le moindre mal tous les quatre ans, il n’y aura jamais de changement » (Peter Camejo). Pis, à force de profiter des votes pour « le moins pire » (ou supposé tel) qui lui sont acquis sans conditions, le parti Démocrate n’a cessé de se positionner toujours plus à droite au fil des décennies, surenchérissant avec les Républicains en matière de mesures anti-sociales et de politique d’agression à l’extérieur.

LA MEMOIRE COURTE : LA POLITIQUE DES PRESIDENTS DEMOCRATES AU COURS DE L’HISTOIRE DES ETATS-UNIS

« A vote for John Kerry is a vote for War."
Ralph Nader, paraphrasant le slogan des Démocrates « un vote pour Nader est un vote pour Bush »

Cette année, ce sont deux candidats pro-guerre qui se sont affrontés. Ralph Nader a rappelé qu’en 1968, durant la guerre contre le VietNam, le même cas de figure s’était produit, avec les candidats Nixon et Humphrey. Et les leaders associatifs qui ont appelé les militants et sympathisants à donner un blanc-seing à Kerry, au prétexte qu’il serait « moins dangereux », oublient que c’est le Président démocrate Harry Truman (1945-1953), qui initia la guerre froide, mena une politique antisociale féroce (notamment contre les mineurs et les employés des chemins de fer) et lança les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945. De même que c’est Lindon B. Johnson (1963-1968) - qui avait fait une campagne comme candidat de la paix contre le candidat va-t-en-guerre Barry Goldwater - et non Richard Nixon (1969-1974) qui est à l’origine de l’escalade de la guerre au VietNam en 1964. Plus tard, c’est Jimmy Carter, et non Ronald Reagan, qui relança la guerre froide. Carter qui refusa d’indemniser le VietNam en 1977 (alors que les produits chimiques déversés sur le pays continuent aujourd’hui de tuer et de provoquer des malformations génétiques) au motif que « les destructions ont été réciproques ». Ce sont encore des démocrates, Hillary Clinton et Joseph Lieberman qui, au lendemain du 11 septembre 2001, firent signer par la quasi-totalité de leurs collègues sénateurs démocrates une lettre demandant le renforcement du soutien à Israël.

« LE MYSTERE DES ELECTIONS DE 2004 » (PETER CAMEJO) :
KERRY, UN CANDIDAT BELLICISTE SOUTENU PAR UNE GRANDE PARTIE DES PACIFISTES

« Je ne reproche pas à Georges Bush d’avoir trop fait dans la guerre contre le terrorisme :
je crois plutôt qu’il n’en a pas fait assez. »
John Kerry cité par Greg Bates, p. 116.

« J’ai su commander des bombardements aériens, le lancement de fusées, des avions, des troupes et des hélicoptères. J’ai exercé d’importantes responsabilités… sur un bateau transportant des armes nucléaires (…). J’ai remplacé un lieutenant-gouverneur… »
John Kerry, The Time, 2 septembre 2004.

Paradoxalement, une partie des millions d’activistes, d’intellectuels et d’artistes qui n’avaient cessé depuis 2001 de manifester contre la politique belliciste des Etats-Unis, se sont ralliés à Kerry, le candidat-girouette situé à l’aile droite des Démocrates qui, après avoir adopté une position anti-guerre pendant les primaires du parti démocrate, pour battre son concurrent Howard Dean, s’est contenté ensuite de critiquer la gestion de la guerre par l’administration Bush, projetant même d’augmenter de 40.000 hommes les effectifs des troupes sur le terrain, en accentuant la participation internationale (comment l’aurait-il pu, à un moment où les troupes étrangères se retirent une à une du bourbier irakien ?). Il se plaisait à répéter que l’Irak possédait beaucoup plus d’armes biologiques et chimiques qu’avant la guerre du Golfe, que Saddam Hussein comptait lancer à l’aide de drones sophistiqués (Bates, p. 110).

Sénateur depuis vingt ans, Kerry a voté pour l’invasion de Panama et la guerre en Afghanistan, et il a donné les pleins pouvoirs au président pour attaquer l’Irak en octobre 2002, alors que, selon la Constitution, c’était au Congrès qu’il revenait d’en décider par un vote. Cette disposition avait été établie par les « Pères-fondateurs » pour empêcher que la décision de déclarer une guerre puisse être prise par un seul individu ; elle ne pouvait être modifiée que par un amendement à la Constitution.

KERRY, UN FAUCON PLUS FEROCE QUE BUSH ?



« Kerry is outhawking George Bush »
Ralph Nader, le 6 octobre 2004 lors d’un meeting à Syracuse

Pis, Kerry avait déclaré qu’il voterait de nouveau pour la guerre en Iraq, même en connaissant les mensonges au sujet des armes de destruction massive, ce qui fit dire à Ralph Nader qu’il n’y avait pas de fin à la surenchère (« me-too-ism ») de Kerry et de Bush. Le programme de Kerry, soutenu par une partie des pacifistes, allait à l’encontre de la volonté de la majorité des Américains, qui estiment que leur pays n’auraient pas dû envahir l’Irak (54% selon un sondage Gallup de juillet 2004), et se sont prononcé à plusieurs reprises pour un retrait immédiat des troupes.

La plate-forme démocrate épousait les points-clés du programme néo-conservateur. En résumé, John Kerry promettait de mener la même politique que George W.Bush, mais de façon plus efficace. Il annonçait, à chacune de ses interventions publiques, qu’il fallait « finir le job » en Irak. Comme l’écrit Peter Camejo, Kerry était moins « Bush lite » (version allégée) que « Bush smart » (un Bush intelligent). Voter pour la copie plutôt que pour l’original n’aurait pas infléchi la politique impériale des Etats-Unis. Dans ce type de situation, le vote est toujours favorable à l’élu déjà en place.

Le programme de John Kerry en matière de politique internationale était fondé, comme celui de Bush, sur ce qui est le plus profitable pour les grosses multinationales américaines qui financent les campagnes. Ainsi qu’un ancien diplomate américain l’annonçait cet été, si Kerry avait été élu, «les Etats-Unis (n’auraient pas ratifié) ni le protocole de Kyoto, ni la convention d’Ottawa sur les mines antipersonnelles, ni la Cour Pénale Internationale… » (Time, 19 juillet 2004). Kerry a refusé de condamner les tortures pratiquées dans la prison d’Abu Graïb. Et peu importe l’étiquette du président des Etats-Unis aux civils irakiens bombardés, aux paysans colombiens victimes des escadrons de la mort, ni aux chômeurs américains mis à la rue.



Par ailleurs, le sénateur Kerry a toujours soutenu la politique criminelle de Sharon contre le peuple palestinien. Il voit l’érection du mur (souvent qualifié de « mur de l’Apartheid », ou de « nouveau mur de la Honte ») condamné par l’ONU comme « un acte de légitime défense » et s’est prononcé pour l’élimination de Yasser Arafat « qui n’est pas un partenaire acceptable. » Le gouvernement américain, avec le soutien des deux grands partis, finance la guerre contre le peuple palestinien au prix de 15 millions de dollars par jour. Comme les Républicains, Kerry refuse aux Palestiniens le droit au retour. Après que l’administration Bush eut donné à Ariel Sharon le feu vert pour déclencher sa campagne de terreur, John Kerry publia un article intitulé "La cause d’Israël est celle de l’Amérique ». Selon Greg Bates, « Les positions anti-palestiniennes de Kerry frisent le pathologique. » (Dime’s Worth of Difference, p. 126). De son côté, anticipant le remodelage de la région projeté de longue date par les stratèges du Pentagone, G.W. Bush envisage « la création d’une zone de libre-échange Etats-Unis/Moyen-Orient d’ici une décennie. » (9 mai 2003).

Le sénateur Kerry préconise une attitude plus ferme en vue de se débarrasser rapidement des régimes d’Hugo Chavez et de Fidel Castro. Il a voté, ainsi qu’Howard Dean, pour le Patriot Act (26 octobre 2001) qui a considérablement restreint les libertés individuelles et plongé le pays dans un néo-maccarthysme, et il avait promis d’intensifier la « guerre contre le terrorisme » s’il était élu. Sur le plan de la politique intérieure, son premier objectif était la réduction du déficit, ce qui est incompatible avec la création d’emplois.

Ainsi que l’écrit Peter Camejo : « Le plus grand mystère de cette campagne est que l’immense majorité des électeurs qui se prononcent en faveur du vote Kerry-Dean sont opposés à leur programme ». Vu de France, cette situation a un air de déjà-vu.

RALPH NADER ET PETER CAMEJO ONT PROPOSE UN PROGRAMME AUX ANTIPODES DE CELUI DU PARTI UNIQUE DES « REPUBLICRATES »

Les multiples lois que Ralph Nader a fait voter depuis quarante ans ont prouvé qu’il sait prendre les moyens pour faire appliquer ses idées. Malheureusement, il n’a pas eu, encore cette année, le droit de présenter son programme électoral présidentiel aux Américains lors des grands débats télévisés qui déterminent l’issue du scrutin… Aussi désinformés que les citoyens européens, la plupart des Américains ignoraient tout de sa candidature.

LA SEULE CANDIDATURE OPPOSEE A LA POLITIQUE D’AGRESSION DES ETATS-UNIS

La candidature Nader-Camejo était l’une des rares candidatures anti-guerre, avec celles de l’extrême gauche. Ralph Nader continue de presser les Etats-Unis de fixer une date pour le retrait rapide des troupes, des mercenaires et des multinationales comme Halliburton (liée au vice-président Dick Cheney) pour restituer à l’Irak une véritable souveraineté le plus tôt possible : « La spirale de la violence ne s’arrêtera pas tant que ce double retrait ne sera pas effectué ». M. Nader, qui avait inlassablement dénoncé l’embargo décrété en 1990, veut arrêter le processus d’embourbement en Irak, qui fait de plus en plus de victimes. Selon la revue médicale anglaise « The Lancet » (28/10/04), 100.000 civils irakiens auraient été tués depuis le début de l’invasion - sans compter les blessés, souvent handicapés à vie. L’occupation augmente l’insécurité dans la région, avec des coûts financiers énormes pour les USA : plus de 155 milliards de dollars ont déjà été dépensés pour la guerre. Le budget militaire des Etats-Unis dépasse celui de l’ensemble des autres pays du monde réunis. Comment Kerry aurait-il pu financer la politique sociale, promise au moment où l’écart est plus serré que jamais entre les deux candidats, tout en augmentant les dépenses militaires, qui ont déjà ruiné le pays et jeté des millions d’Américains au chômage ou à la rue, et démantelé le système éducatif ?

D’ABORD REFORMER LA LOI ELECTORALE

Ralph Nader pense que la priorité pour rétablir la démocratie est de réformer la loi électorale par un financement des campagnes avec l’argent public, le déroulement du scrutin lors d’un jour férié, l’instauration d’un scrutin à deux tours permettant aux 3e partis de participer aux débats, et le rétablissement du droit de vote pour les citoyens privés injustement de leurs droits (privation qui affecte essentiellement les pauvres et les minorités raciales).

RESTAURER DES LIBERTES INDIVIDUELLES, PROMOUVOIR LA JUSTICE SOCIALE ET LES DROITS DES MINORITES

« Trois mille personnes sont mortes le 11 septembre 2001, Mais un nombre supérieur de personne meurent chaque mois des conséquences de la politique anti-sociale du gouvernement en matière d’emploi, de conditions de travail et de santé, et personne ne pleure ces morts-là !»

Ralph Nader, 11 septembre 2004

Sur le plan de la politique intérieure, Ralph Nader et Peter Camejo proposent des mesures concrètes en faveur de la Justice sociale et de la protection des libertés individuelles, en commençant par la révocation du Patriot Act. Ralph Nader s’est toujours battu pour une juste répartition des richesses, condition à la Paix dans le monde. Il dénonce depuis des décennies au fil de ses conférences, de ses articles et de ses livres la mainmise des multinationales sur la politique et les effets destructeurs de la mondialisation ultra-libérale sur l’environnement, le systèmes de santé, de protection sociale et d’éducation, et les libertés publiques.

DEMOCRATISER LES LOIS DU COMMERCE INTERNATIONAL

« Les Etats-Unis ont besoin d’une déclaration d’indépendance des multinationales. »
Ralph Nader, Washington Post, 8 novembre 2000

Le combat contre le pouvoir des multinationales, et leur condamnation pour leurs abus et leurs crimes est une priorité. Les Etats-Unis doivent se retirer de l’ALENA et de l’OMC. La démocratisation des lois du commerce implique de faire participer aux décisions les associations de défense de l’environnement, les travailleurs et les consommateurs. Ralph Nader pense que la liberté du commerce est un leurre et, qu’en réalité nous vivons « dans une forme de fascisme dominé par les multinationales » Ainsi, elles « rêvent de changer la nature des choses et de contrôler les ressources génétiques universelles par des brevets monopolistique ». C’est pourquoi l’élaboration de lois » interdisant le brevetage du vivant, en commençant par le domaine génétique », est une priorité, « la mentalité mercantile (étant) indifférente aux conséquences écologiques à long terme. » (Libération, 4-5 décembre 1999).

INSTAURER UNE COUVERTURE MEDICALE UNIVERSELLE

L’instauration d’une couverture médicale universelle garantirait à tous les citoyens l’accès aux soins, alors que le nombre d’Américains sans couverture de santé ne cesse d’augmenter, dépassant aujourd’hui le chiffre de 45 millions. (Selon l’Académie des sciences américaine, cette situation entraînerait le décès de 18.0000 Américains chaque année). Le nouveau système de protection sociale proposé permettrait de réaliser également d’importantes économies grâce à une plus grande rationalisation. En effet, les Etats-Unis sont le pays qui a les grosses dépenses de santé au monde, et la tendance est toujours à la hausse, alors que l’OMS les classe en 37e position pour la qualité de leur système de santé.

La diminution drastique des dépenses militaires permettrait de financer une éducation de qualité pour tous - alors que des millions d’enfants sont laissés pour compte chaque année - et d’investir dans les infrastructures qui ne cessent de se dégrader, en favorisant le développement de vrais emplois.

ABOLIR LA PEINE DE MORT ET REFORMER LE SYSTEME CARCERAL

Depuis toujours adversaire résolu de la peine de mort, Ralph Nader préconise une réglementation sévère du port d’arme et s’oppose à la coûteuse guerre contre la drogue qui n’a conduit qu’à une augmentation de la criminalité et fait des Etats-Unis « le plus grand geôlier du monde. Il estime nécessaire une réforme du système carcéral, qui a fait des prisons l’une des industries les plus prospères du pays. (« Le principal programme de logement dans ce pays consiste à construire des prisons »). Il propose que la dépendance aux drogues illicites soit traitée comme un problème médical et de trouver des solutions non-violentes pour enrayer ce fléau (à l’origine lancé comme une arme contre la politisation des ghettos noirs).

PROTEGER L’ENVIRONNEMENT : POUR LA SORTIE DU NUCLEAIRE ET DES ENERGIES FOSSILES, LE DEVELOPPEMENT DES ENERGIES PROPRES, L’APPLICATION DU PRINCIPE POLLUEUR/PAYEUR

Dans le domaine de l’environnement, Ralph Nader préconise le développement des énergies renouvelables, la politique énergétique basée sur la dépendance au pétrole et au nucléaire ayant fait la preuve de sa dangerosité et de son inefficacité. Pionnier des luttes anti-nucléaires qui a contribué à stopper la construction des centrales aux Etats-Unis après l’accident de Three-Miles Island (Pennsylvanie, 1979), il préconise une politique audacieuse qui permettrait de sortir du nucléaire en cinq ans et de se passer totalement des énergies fossiles en dix ans, grâce un transfert de subventions.

Il préconise aussi le transfert des subventions de l’agriculture industrielle à l’agriculture biologique et la protection des petits fermiers, acculés à la faillite par les grosses firmes agroalimentaires qui ont prospéré depuis le subventionnement massif initié sous l’administration Clinton. Il renforcerait les lois sur l’Air, sur l’Eau (qu’il a lui-même fait voter), et le principe du pollueur-payeur (grâce à une loi engageant leur responsabilité des industriels tout au long du cycle de leur activité), les normes de rejet des produits toxiques dans l’environnement, avec un objectif de 0% émission. Le recyclage des ordures ménagères devrait être généralisé. Un agenda national de substitution de matériaux sains aux matériaux chimiques serait établi. L’exportation des déchets devrait être stoppé. L’étiquetage des produits contenant des OGM serait rendu obligatoire (rappelons que les anti-OGM français estiment cette mesure beaucoup trop modérée, les organismes génétiquement modifiés contaminant inexorablement l’ensemble de la planète).

COMBATTRE « L’AUTRE ANTISEMITISME »

Ralph Nader dénonce « l’autre anti-sémitisme », celui dont font l’objet les Américains d’origine arabe depuis 2001 (discrimination à l’embauche, soupçons, insultes, agressions, emprisonnements arbitraires…), rappelant, comme Edgar Morin, qu’ils sont aussi des sémites. La Ligue Anti-Diffamation (ADL), organisation de défense sioniste, a accusé Ralph Nader d’antisémitisme pour avoir écrit dans le Washington Post (20 août 2004) que les locataires de la Maison Blanche étaient des marionnettes actionnées par A. Sharon. Ralph Nader a répliqué en précisant que le quotidien de référence avait détaché les phrases de leur contexte, supprimant deux paragraphes dans lesquels il montrait que ses propos étaient en accord avec celles de nombreux Israéliens et Juifs américains. Il rappelle la fameuse blague des Israéliens : « Les Etats-Unis sont le second Etat d’Israël ». Et cite le mot du double-prix Pulitzer Thomas Friedman, spécialiste du Moyen-Orient : “M. Sharon tient le leader palestinien Yasser Arafat prisonnier dans son bureau de Ramallah, et George Bush comme prisonnier dans son bureau ovale. M. Sharon encercle M. Arafat avec des tanks, et M. Bush est encerclé par les lobbys juifs et fondamentalistes chrétiens, et par le preneur d’ordre de Sharon, Dick Cheney » (5 février 2004). Il regrette que les présidents américains puissent apparaître comme des otages « des lobbies pro-israéliens… qui accorderaient leurs voix en fonction du soutien accordé à Tsahal ». Leur reprochant d’avoir refusé d’écouter les voix des mouvements pacifistes palestiniens et israéliens (comme Betselem et les refuzniks), il rappelle que ni le Congrès ni la Maison-Blanche n’ont jamais osé contrarier les positions de l’Etat d’Israël depuis 1956. La multiplication des accusations d’antisémitisme permettrait d’éluder les débats sur le Proche-Orient.

UN MOUVEMENT PACIFISTE A RECONSTRUIRE

Nous savons aujourd’hui que la réélection de G.W. Bush pourrait avoir été acquise au prix d’une fraude pratiquée à une échelle incomparable à celle de 2000 en Floride. Mais le candidat démocrate aurait été sommé de capituler rapidement pour ne pas remettre en cause un système qui profite aux deux camps. Le score de Ralph Nader est loin de refléter son audience réelle dans l’électorat américain. Mais, si la loi électorale changeait, le score du 3e parti pourrait, selon certains politologues, atteindre 30% des voix, montrant au monde que les Américains (dont un sur deux seulement vote) aspirent à une autre politique, non régie par les intérêts du complexe militaro-industriel et des multinationales. En raison de la trahison du mouvement « Anybody But Bush » par sa compromission honteuse avec un clone du président sortant, les élections de 2004, annoncées comme « les plus importantes de l’histoire des Etats-Unis » ne présentaient pas d’enjeux. Le système n’a pas été remis en cause, le pouvoir restera plus que jamais aux mains du complexe militaro-industriel, et la « guerre contre le terrorisme » va s’amplifier.
Joëlle PENOCHET
17 novembre 2004 (extraits d’un ouvrage à paraître en 2005)

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72. Rebuilding America's Defenses Strategy, Forces and Resources for a New Century, PNAC, 2000. Rebuilding America's Defenses www.informationclearinghouse.info/pdf/RebuildingAmericasDefenses.pd
73. SAÏD, Edward : Le risque d’une perpétuelle soumission, Le Monde Diplomatique, Manière de Voir n° 54, novembre-décembre 2000, pp. 10-13
74. SAÏD, Edward : Une autre Amérique, obstinément dissidente, Manière de Voir n° 77, Le Monde Diplomatique, Octobre-Novembre 2004, pp.90-93.
75. SELFA, Lance : Two candidates, One Agenda, International Socialist Review n° 37, Septembre 2004.
76. SMITH, Sharon : Third Party Blues, www.counterpunch.org/smith09112004.html.
77. SMITH, Sharon : Twilight of the Greens, The Chokehold of « Anybody But Bush », www.counterpunch.org/smith07032004.html
78. Schreiber, Thomas : Depuis la guerre froide jusqu’à l’élargissement de l’union, Le rêve américain de la « nouvelle Europe », Le Monde Diplomatique, mai 2004, pp. 18 –19.
79. WARDE, Ibrahim : Irak, Cet Eldorado perdu, Manière de Voir n° 77, Le Monde Diplomatique, Octobre-Novembre 2004, pp. 43-46.
80. WELLS, Matthew : Poles Apart, The Guardian, May 6, 2004.
81. WHITNEY, Mike : Kerry, The Better War Candidate ?, www.counterpunch.org/whitney09042004.html.
82. ZEESE, Kevin : Inside the Kerry/Nader meeting : Did the Kerry Campaign Lie About What Was Discussed ?, www.counterpunch.org/zeese06012004.html.
83. ZINN, Howard : Kerry a commis une erreur tragique, L’Humanité, 4 novembre 2004.
84. 78. ZUNES, Stephen : While criticizing Implementation, Kerry endorse Bush’s Unilateralist Agenda, Foreign Policy In Focus, fpif.org, 5 Octobre 2004
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UNE SELECTION D’OUVRAGES

PAR OU SUR RALPH NADER

79. BATES, Greg : Ralph's Revolt, The Case for Joining Nader's Rebellion, Common Courage Press, 2004.
81. GRAHAM, Kevin : Nader, Battling for Democracy, Windom Publishing Company, Denver, 2000.
82. MARTIN, Justine : Nader : Crusader – Spoiler – Icône, Perseus Publishing, Cambridge (Ma), 2002.
83. MOKHIBER, Russel : Corporate Predators, : The Hunt for Mega-Profits, Common Courage Press, 1999. Introduction de Ralph Nader.
84. NADER, Ralph : Crashing the Party, How to tell the truth and Still Run For President, St Martin’s Press, New York, 2002.
85. NADER, Ralph : In Pursuit of Justice, collected writings 2000-2003, Seven Stories Press, New York, 2004.
86. NADER, Ralph : The Good Fight, Declare your Independent and Close the Democracy Gap, Regan HarperCollins, New York, 2004.
87. NADER, Ralph : Cutting Corporate Welfare, Seven Stories Press, The Open Pamphlet Series, New York, 2000.
88. NADER, Ralph : Unsafe at Any Speed, édition du 25e anniversaire, Knightbridge, 1991.
89. WALLACH, Lori, SFORZA, Michelle : The WTO, Five good reeasons to resist Corporate Globalization, Introduction par Ralph Nader, Seven Stories Press, The Open Pamphlet Series,
90. New York, 1999.
QUELQUES OUVRAGES DE REFERENCE SUR LA POLITIQUE DES ETATS-UNIS
1. AMIN, Samir, Noam Chomsky, Jean Ziegler et alii : L’Empire en guerre, Le monde après le 11 septembre, EPO, Bruxelles, 2001.
2. AMIN, Samir : USA, L’hégémonisme des Etats-Unis et l’effacement du projet européen. Face à l’OTAN, Le combat pour un monde multipolaire et démocratique, L’Harmattan, Paris, 2000.
3. BENJAMIN, Jean Marie : Irak, l’apocalypse, Favre, Paris, 1999.
4. BLUM, William : Rogue State, A guide to the World’s Superpower, Z Books, London, 4th édition, 2003 (traduit en français sous le titre : « L’Etat-voyou », L’Aventurine, Paris, 2002).
5. BRZEZINSKI, Zbigniew : Le grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde, Hachette Littératures, Paris, 1997. Préface de Gérard Challiand.
6. CHOMSKY, Noam : Le Nouvel Humanisme militaire, Leçon du Kosovo, Editions Page deux, Cahiers Libres, Lausanne, 2000. Préface de Gilbert Achcar.
7. CHOMSKY, Noam : De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis, 2e édition, Agone, Paris, 2002. Prologue de Howard ZINN, Postface de Jean BRICMONT.
8. CHOMSKY, Noam : Manufacturing Consent, Panteon Books, New York, 1988, Traduit en français sous le titre : La fabrique de l’opinion publique, La politique des mendias américains, Le Serpent à plumes, Paris, 2003.
9. CHOMSKY, Noam : Necessary Illusions, Thought Control in Democratic Societies, South End Press, Boston, 1989. (traduit en français sous le titre : Les illusions nécessaires).
10. CHOMSKY, Noam : Les dessous de la politique de l’oncle Sam, Les Editions Ecosociété/EPO/Le Temps des Cerises, Québec/Bruxelles/Paris, 1996.
11. CHOMSKY, Noam, CLARK, Ramsey, SAÏD, Edward W : La loi du plus fort, Mise au pas des Etats-voyous, Le Serpent à Plumes, Paris, 2002.
12. CLARK, Ramsey : The Fire This Time, U.S. War Crimes in The Gulf, International Action Center,